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22/05/2013

Le suicide est-il rationnel ?

Ces jours-ci les journalistes de la presse écrite ou de la télévision ou du net ont fait état du suicide d'un homme agé de soixante dix huit ans dans la cathédrale de Paris.

L'action avait été largement réfléchie et préméditée car deux lettres explicatives ont été laissées, une à son domicile, une sur l'autel.

Il s'agissait d'un homme engagé politiquement et de manière nettement plus importante que la moyenne, classé comme de "droite", ayant appartenu à l'OAS (d'après les dires des journalistes ), opposant au mariage de personnes de même sexe. Les commentaires de certains expliquent et donnent comme raison la non acceptation de ce changement de l'image de la famille et tout son système de vision et d'appréciation de la notion de famille, de génération, de transmission aurait été bafoué. En quelque sorte cela aurait été vécu comme un bouleversement majeur, une remise en question de ses principes, une abolition avec un sens péjoratif de son système de croyance et de fonctionnement institutionnel. En dernier lieu il ne faut pas oublier que la religion catholique n'admet pas le suicide réféchi.

 

 

Certes tout ceci est possible, crédible mais paraît un peu disproportionné par rapport à l'acte, ses conséquences, sa représentation symbolique.

C'est la réalité que certains meurent pour les idées qu'ils défendent car celles ci leur semblent plus importantes que n'importe quoi, mais là il semble dur de soutenir que ce changement du Code Civil et de la Famille bouleversait énormément ses convictions, ses luttes au point que rien ne justifiait plus de continuer à vivre. Comme si dans ces conditions la vie ne valait plus d'être poursuivie, que plus rien n'était digne d'intérêt, que le passage sur l'autre rive était nécessaire, tout ce qui avait été fait jusqu'à présent était anéanti et pointé du doigt comme une erreur massive.

 

 

Il me semble que quasi automatiquement d'autres éléments se sont mélés et sont devenus prépondérant, décisifs et expliquant de manière rationnelle le suicide.

Car tous les suicides s'expliquent de manière rationnelle même s'il s'agit d'une para-logique mais c'est toujours l'aboutisement d'un raisonnement et la conclusion que c'était la meilleure ou la moins mauvaise solution qui de toute façon s'imposait.

Donc c'est toujours la somme d'un faisceau de raisons qui tournaient depuis un certain temps dans l'esprit. Là elles prennent le dessus devant une suite de situations, de conduites qui apparaissent comme une suite d'échec ou d'incompréhension totale.

Cet assemblage remet en cause les préceptes et les grandes lignes de conduite, ainsi c'est comme toute une vie dont le fonctionnement était faux, incohérent, inutile. L'homme n'est plus qu'une sorte de polichinelle ou de Pinocchio, offert à la dérision du groupe. Il ne peut même pas être sauvée la face.

Là dessus peuvent se greffer d'autres sensations d'erreurs mal "digérées", le tout détruit l'image narcissique.

Il ne faut pas négliger non plus le désir plus ou moins net de connaître le passage, avoir la connaissance du summum de la vie. Ainsi l'individu récupère, faussement une forme de toute puissance et la découverte du plaisir pur, la jouissance de l'inconnu entier et unique, avec en plus l'idée de la chose définitive donc indestructible, immortelle.

 

 

Il est indéniable aussi que ce mode de suicide dans une église en présence de croyants est d'une violence massive, outrepassant tous les droits ou autorisations possibles. On pourrait même y voir une forme de prosélytisme vaniteux.

La notion d'âge rajoute à l'acte non due à des croyances ou des idées politico-philosophiques. Justement après une durée de vie certaine, l'envie de mettre fin au naufrage, on ne peut pas vieillir tout en restant jeune, l'abandon obligatoire de pas mal d'idées, de désirs, de satisfactions, la venue prochaine mais inéluctable de maladies qui deviendront graves, invalidantes, la dégénérescence évolutive font qu'un arrêt vaut mieux qu'une lente agonie sans panache ni plaisir.

 

 

Alors on comprend mieux le comportement de cet homme mais qui n'avait probablement aucune raison justificative dans ses engagements politiques ou autres.

Ce qu'il a fait était bien pour lui et surtout c'était ce qui lui semblait le meilleur.

 

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Nous avons deux vies : celle dont on rêve étant adolescent et celle qui nous accompagne jusqu'à la tombe.

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